pour Solène, notre fille.
Tu comprendras enfin pourquoi
Souvent la nuit je m'éveille
En pensant à cet endroit là.
Prends ma main, oublie toi et va
Déambuler sous les étoiles
Et apercevoir, blanches, les voiles
Qui un jour nous emporteront
Peut être. Mais maintenant, vivons.
Ce domaine est sans limites
Vois: on y flotte dans les airs
Le cheval bleu dans la mer grise
S'y laisse emporter par la brise
Et le sable onctueux du matin
Fait de cet hiver de satin
Un rendez-vous plein de soupirs
Le soleil mauve et les nuages
S'oublient lentement et sans age
Quel sens prend alors l'avenir?
Je voudrais me fondre avec toi
Afin que les traces de nos pas
S'unissent avant de disparaître
Je voudrais t'aimer, te connaître
Et ne plus jamais m'éveiller
Sans pour autant me consumer.
Si tu veux partager ce rêve
Et l'inventer toi même aussi
Alors à jamais et sans trêve
Je serai à toi pour la vie.
Le dragon gît là, terrassé
Saint-Michel nous enchante
Et l'ombre de la croix sur le ciel blanc de nuit
Le brouillard s'épaissit.
Quelques feuilles retirées de la pelouse
Viennent écrire en négatif cette vérité.
Et soudain, la croix tombe du mur.
Sans cesse un témoignage de l'amour qui nous lie.
Noeuds, secondes enfermées en secret,
Image cachée derrière la croix ou serpents enlacés.
Flammes d'un feu de joie au son d'un requiem.
Jaunes sont les mots doux.
Et les heures éloignées se consument en une odeur d'encens.
L'ange sort du silence et se tourne vers l'Orient.
Le bonheur nous attend.
Lèvres sensuelles et tendres
D'un gris rosé, si belles
Fines, douces et rebelles
Pour un murmure surprendre
Leur émotion cachée.
Sous ce rideau serré
Oppressants et voilés
Les yeux ne suivent pas
Ils chantent le trépas
La mélancolie fée
Vibrent d'un même accord.
Passe une poussière d'Ange
Et sans faire un effort
Soudain bat une frange
De cils papillonnants.
Alors, tout déroutant
Un filet bleu de larme
Sur la joue chaude coule
Rejoindre toute saoule
La lèvre aux mille charmes.
Petit papillon blanc
Rêve, pur et charmant
Né de nos amours foles
Si fragille s'envole
Pour annoncer au vent
Que dorment les amants
Mais soudain tu t'éveilles
D'un songe sans pareille.
Petit papillon blanc
S'enfuit vireviletant
Disparaît sous nos yeux
Embués d'amoureux
Nous n'avons plus sommeil
Mais malgré ce réveil
Reste, au delà du temps,
Comme un enchantement
Petit papillon blanc
Né d'un lait innocent.
Pour les coeurs amoureux
Triste joie de l'amour
Ô démon insidieux
Hante déjà nos jours
Lutte contre la vie
Au delà du mépris
Mais sans détour choisir
Et oublier demain
Et nos corps enlacés
Les tendres et sourds délires
Car seule compte la main
A la mienne nouée
Va et vient de la vie
Et déjà tu souris...
Le sourire s'est brisé et la lèvre fendue
Cratère dans le coeur, tremblement de colère
La bouche s'est crispée, murmure de la Terre
Comme l'aile est blessée à l'envol rompu.
Exténuée et si sombre implore le pardon
Efface le remords et de chaleur caresse
La pente fraîche et douce qui mène à la tristesse
Mais lointaine et ténue la flamme d'abandon.
Par le soir aime un ange sur un toit dans la brume
Hante par son absence les nuits noires d'amertume
Plénitude et délice que ce sentiment
De tranquillité nostalgique sans vague profonde
Attend sans y penser, espère, rêve en jouant
Au jeu cruel et futile de la vie perdue
De l'ange éloigné pour que redevienne amant
Qu'en un souvenir persiste l'image ingénue
Alors, ô merveille, dans l'oubli de l'oubli
Il faudra composer une autre vie, la vie
Comme un rituel brisé qu'un sacrifice éclate
Artifice d'un feu factice, surpuissant
Mots cassants mais propices à laver les tourments
Hante ma déraison, ô dragon opiniâtre.
Sous le tapis d'Orient le sofa a servi
Paroles rouge brique, reproches, droit de critique
Amnésie embuée, Amiens et ses reliques
Saisissent cet instant, désir inassouvi.
L'apparence figée s'exécute docile
Le corps souffre caché, piment indélébile
Cent mille parasites dilapident mon âme
Autant d'astres épars, étincelle diaphanes
Et s'il faut désigner l'objet de cet émoi
Mon doigt sans hésiter se pointe droit sur toi.
Méchant téléphone
Vilaine machine
Fil cruel, à se pendre
Cette voix est si pierre
Toute échappatoire à l'Amour
Fou de rage se brise
En mille éclats de lèvres.
L'agacement vibre
Au rythme de l'usure
Colère mal contenue
Impatience sans conscience
Le vautour de souche
Sanguinaire m'aveugle
Comme une enfant fébrile
Qui apprendrait soudain
Que son nouveau présent
Arrivera demain
Mais demain est si loin
Et à l'imaginer
On sait que l'on sera
Alors si fatigué
Laid, cerné un visage
Sans charme, tout gâché
Transformé en fantôme
Vous m'êtes sympathique
Mais ce n'est pas possible
Pas possible cible
Atteinte en plein coeur.
Je vous rêve en dormant
Je vous rêve éveillée
Comment faire à présent
Pour vous émerveiller?
Neige fragile, ombre subtile
D'où me viennent
Ces bruissements feutrés
Qui dans l'obscurité m'atteignent
Comme un mort qu'on aurait étendu
Là, dans le froid des herbes.
Vous me manquez la nuit,
Vous me manquez l'été
Où chercher maintenant
L'espoir de vous trouver?
Eau fraîche qui vacille
A la lumière cachée
D'un oeil triste et figé
Un parfum éternel
Ote à la vie tout charme
Et lave l'incendie.
Vous m'êtes infini,
Vous m'êtes insondé
Viendrez vous aujourd'hui
Encor m'ensorceler?
Vapeur tiède immobile
A l'aube d'un éveil
Fragile et solitaire
Dont l'éclat d'opale
Fascine puis s'oublie
Lentement.
Quand à user mon coeur
Je vous aurai souhaité
Quand à user mes lèvres
Je vous aurai prié
Essence suave et sensuelle
Couleur, volatile clarté
Dont surgit, instance majestueuse,
Un renard argenté
Beau et immuable
Et qui rit a jamais
Je vous dirai adieu
J'essaierai d'oublier
Qu'il n'est rien d'impossible
Pour qui sait aimer.
Comment trouver les mots
Qui te feront sortir
De l'ombre et du chaos
Qui semblent t'engloutir
Comme un anniversaire
Si dur à affronter
Il n'y a rien à faire
Je ne peux oublier
Reste donc plus longtemps
Auprès de nous, mon ange
Je te prie tant et tant
Mais pourtant rien ne change
Tu es mort et tant pis
Je m'éteins moi aussi.
Nuit à la souricière
Ame d'ange déchu
Ecume de poussière
Respire l'inconnu
Comme cette nuit là
Pour nous ensorceler
Et lier à jamais
Tu me pris dans tes bras
Le destin de l'Amour
Le sort de non retour
C'est toi qui l'a voulu
Mon amour éperdu.
Mon amour s'est perdu
Lorsque tu t'es pendu.
Astreintes séduisantes
Jubilation sismique
Martingales rythmiques
Myriades étonnantes
Turquoise australe
Au corps d'une vestale
D'un feu clair gardienne
D'une ombre circadienne
Belle âme transparente
Autonome rivale
Du savoir ancestral
Aspirant à l'attente
D'un monde plus serein
Où mort, calme et soupirs
Douleurs couvées, délires
Enfin ne feront qu'un.
Comme un voile endormi, frontière entre les mondes
Aubade. Voyage vert et rouge, dorures.
Avancée progressive dénuée de Césure.
Poudre aux yeux, poutre ronde.
L'enfant dans le sommeil, cette petite mort
Comme impression fugace de pauvreté cachée
La Comédie d'un jour de Paolo Conte
Envahit les pensées, resurgit sans effort.
Le tremblement des trams, l'eau boueuse du Rhin
Bâle dans ses ruelles exhibe ses richesses
Raffinement subtil des vitrines, caresses
Du vent. Lointain, le sifflement d'un train,
Illusion auditive d'un pianoforte.
Lit blanc de plumes chaudes, nid sensuel, insomnie.
Malaise de l'enfant qui, trop longtemps privé
A soudain trop mangé de ces pâtisseries.
Mais dans l'aube brumeuse, les coups des cloches sombres
Réalité glaciale de la proximité
Me tirent de ce rêve où tu étais mêlé
Retour instantané au milieu des décombres.
Neiges, pas feutrés, hypnose
Scandée au rythme des horloges
Pâleur candide comme au réveil
Linceul d'avoir trop fait l'amour
Lorsqu'aux limites du sommeil
Soudain l'on sent poindre le jour.
Si loin si proche tu es là
Et je ne rêve que de toi.
Esseulée au milieu de ce froid
Riche d'envies aux parfums frais
Devant ce spectacle glacé
Je sens que je n'attends que toi.
Aux confins des flocons bleutés
Eau claire d'une glace fondue
Murmure d'un son qui s'est perdu
Pour partager ma liberté
Au loin la paille d'une meule.
L'oiseau noir s'éloignant de moi
Trace pour moi la route seule
Et je ne désire que toi.
Pour me rendre cette chaleur
Qui m'animait tout en douceur
Comme une flammèche irisée
Chauffe mon coeur sans le brûler
Tu es tout puissant mon Seigneur
Entre chez moi et fais du feu
Car si tu me fais cet honneur
Déjà je me sentirai mieux
Mets à mes joues cette rougeur
Et redeviens alors cet ange
Qui par son attitude étrange
M'invitait jadis au bonheur.
Le froid ne m'a pas épargnée
Je n'ai pas su te retrouver.
Dérapage
Page tournée
Sur ta vie
Ton image
Léthargie, aubade d'un oubli, clapotis
Incessants. Le temps coule. La vie est seule et saoule
Coule transfigurée au milieu de l'oubli.
Paris jaloux m'éveille et m'émerveille, le moule
Aux yeux noirs du cosmos, ciel souillé d'immondices
Papier froissé aux mains blanches, voûtes tendres
Nervures acerbes, fardeau secret, bois à fendre
Volupté de se livrer au cruel délice
Lave mouvante, sable écarlate, obstinément
Passion fugace et vaine, ouverte aveuglément
Lutte désenchantée, couteaux tirés, reliques
Impitoyable jeu aux relents pathétiques
Gouffre béat, soupirs jusqu'à la déraison
Sans sang sentir soudain diffuser ce poison.
Si tu pouvais, rêveur, au fond de moi entendre
Les coups par toi portés, féroces battements
Chaotiques saccades, bruissants emportements
Tu sentirais soudain ton coeur du mien s'éprendre
Et comme un oiseau frêle qui ne peut redescendre
Emporté par les vents vers les cimes cachées
Te laisser entraîner par ce vertige né
D'un hasard déroutant, fiévreux à nous surprendre.
Oublie alors ton masque légitime et figé
Et pour mieux ressentir cet élan spontané
Plonge de bonne grâce dans cette léthargie
Reçois enfin, heureux, cette douce folie
Attentif aux pensées de l'amour qui me ronge
Loin du reste du monde, accepte ce beau songe.
Lancé à corps perdu, coeur serré, corps pendu
Vers l'aventure étrange, plénitude inconnue
Un serpent qui s'ignore caresse le trépas
Nébuleux firmament, miroir de l'au-delà
Quel hommage te rendre qui soit à la hauteur
De ce que je ressens de regrets et d'amour
Les mots n'ont aucun poids et pourtant sont si lourds
Lorsqu'il faut exprimer les peines de mon coeur.
Pour survivre il faut taire ces démons obsédants
Lâche se réfugier vers l'autre comme amant
Voler, rouler, voguer, courir sans s'arrêter
Voyager au présent, oublier le passé
Et, poussée en avant par ta chair et ton sang
Respirer, vivre et fuir, mais jamais comme avant.
J'avançais à tâtons, cernée d'un brouillard tiède
Inconsciente illusion de ce voile ajusté
Qui, m'enserrant, masquait ma vie réalité
Du fond de mes pensées je demandais de l'aide.
J'entendais, étouffée, la voix qui me disait:
"Le monde est ce manège qui, roulant et tournant
Ne sait plus si les mots veulent rire ou pleurer"
J'espérais m'entourer d'un rêve comme amant.
Soudain, en un éclair, l'évidence jaillit.
Clarté, lucidité, souffle coupé, magie
D'un air limpide et frais, comme un charme rompu
Tout est cru, tout est nu, et me laisse éperdue.
- Névrose, qui es-tu? Depuis quand es-tu là?
- J'étais en toi la Muse. Tu ne le savais pas.
J'ai reçu de plein fouet le bruit de ton trépas
La pluie noue étourdit de relents de colza
L'Ermitage est bien seul, empreint de son image
J'étais le point de mire, je courais en avant
Par terreur de l'ennui, par pulsion de survie
Je me cachais toujours derrière le paravent
De la petite fille modèle et trop polie
Et lorsque j'ai enfin reconnu l'étrangère
Lorsque son attitude fut soudain familière
De sa bouche la Rose, de l'oeil son iris,
Hélas à mon retour elle s'était enfuie
Rejoindre la comète près de la voix lactée
Et j'ai alors compris que je l'avais aimée.
Vie forte bat en moi, eau vive, vive voix
Amiens s'enfuit déjà, automne nostalgique
Amiens, ville suicide, disparaît dans la brume
Dormir sans toi la nuit, t'encenser sans un bruit
Amiens s'oublie déjà, triste amante jalouse
Amiens qui se consume en un filet de ruines
Manger sans appétit, travailler sans répit.
Amiens, amour, amor, mors à mort et chagrin
Berceau de liberté, tombeau de volupté
Et cette route aride et raide à s'essouffler
Un escalier silence fermé derrière la porte
Un fantôme oublié. Amiens est presque morte.
Paris, 1997
Ostensiblement, le vent se balance
La vie bat son plein, les sources fusionnent
Et les vagues inlassablement sermonnent.
Le coeur déraisonne, passé sous silence.
La vie bat son plein, les sources fusionnent
Le temps se repent, l'illusion avance
Le coeur déraisonne, passé sous silence
Son rythme sacré lentement entonne.
Le temps se repent, l'illusion avance
Son rythme sacré lentement entonne
L'idée étouffée entrée dans les transes
Un espoir ténu la nuit emprisonne,
Espoir que soudain miroite la chance.
L'idée étouffée entrée dans les transes
Et qu'au bout du jour l'harmonie résonne.
Fictive création
Décor, cache misère
Dessous, c'est le béton
Mais à part ça, que faire?
Comme le ciment poisse
Mosaïque magique
Enrobe mes angoisses
Et masque le tragique
Puissantes martelines
Fendent le crâne dur
Migraines enfantines
Attendrissante armure
L'austère patriarche
Enonce patiemment
La tranquille démarche
Pour créer lentement
Le sable s'écoulant
De mes doigts abîmés
Compose le présent
Morcelle le passé
Poudre de plâtre mou
Tesselles colorées
Tout semble un peu moins fou
Agencements serrés,
M'entraîne à oublier
Ce monde de murmures
Où, vives, les blessures
Sont longues à colmater.
Mais les couleurs ravivent
Les souvenirs enfouis
Images fugitives
D'une source tarie
Sans se préoccuper
De ces sombres désirs
D'un solide mortier
Se mettre à rebâtir
On aime la douceur, la chaleur et l'ivresse
On voudrait oublier que parfois le temps presse
Et se livrer en pleurs aux vagues mystérieuses
Qui, au fond des entrailles, remuent, érodent et creusent.
Peu à peu la falaise recule pour faire place
A ce tourbillon fou qui modèle l'espace
Et transforme à son gré les formes endormies
En mouvances fragiles et chairs endolories
Ne plus tenter de fuir, accepter sans broncher
Ce baiser tout soudain de la mer déchaînée
Cesser de respirer, et les sens en éveil
Contempler, fou d'amour, la vie et le soleil.
Au bout de l'horizon, absurde comédie,
Le trépas égaré s'est noyé sans un bruit.
Balayée, écorchée, l'harmonie de l'espoir
Par ce vent de folie qui repeint tout en noir.
Mais l'idée de l'envie, agressive, stridente
Embuée, assourdie, à paraître innocente
Perce parfois cette onde tel un fléau sanglant
Et redonne à la nuit l'éclat du firmament.
Je t'ai croisé comme un soupir
Rêve étrange, parfum subtil
Fascination sensuelle, idylle
Aux confins d'un sombre délire.
Ce jour de pluie je t'ai aimé
Sous le soleil je t'ai revu
Je crois que nous étions changés
Mais pareillement m'as ému.
Quelles épreuves de la vie
Ces points communs de notre histoire
Ont à ce point aboli
L'éternité qui nous sépare.
Sans le savoir tu m'as rendu
Et par ta grâce et ton sourire
Ce que longtemps j'avais perdu
La part égarée de mon âme.
Et si je recherchais un jour
A qui donner tout cet amour
Je sais qu'à présent ce serait
Quelqu'un qui te ressemblerait
Ecarlate désir
Etoile brune à travers toi
Cruelle retenue
Curiosité larvée
Tu as l'aisance j'ai l'envie.
Ehud.
Souplesse délectable de ta démarche lente
Une imperceptible dérive
Me tire vers le néant
Angoisse d'illusion
Peur égoïste d'avoir à partager
L'idée de te voir seul
De te savoir, t'entendre,
Ce fantasme insondable
De t'admirer encore
Sans effort
Et me laissant aller
A l'abandon tranquille.
Ehud.
Regarde moi alors
L'audace est un délice
Grisant et volatil.
Mardi gras
J'avais mis le masque
A la timidité
Mais elle est comme une ombre
Un refuge sacré
Dans ce troublant dédale
Laisse moi t'espérer.
Replonger
Comme après un trop brusque sevrage
Au gré des lames acérées
De vague en vague divaguer.
Quiétude.
Maudite solitude, liberté pervertie
Murmure de l'absence.
Essaime ma douleur, toi qui teins le passé
De tons ocres et roux.
Le fil luisant de toile d'araignée
Qui scintille et trahit
Ces pensées éreintantes
Etreint mon coeur d'étau lourd enserré
Retiens moi de crier.
Senteurs d'eucalyptus lentement balancés
Vertige.
Quelle moisson ferai-je de ce que j'ai semé?
Herbes folles naissantes,
Fleurs de larmes séchées
Mirage.
Et le sable s'échappe, interstice brisé,
Où, trop brèves les heures défilent aveuglées
Et trop longue l'attente rêve au fond du ruisseau.
Au bout de la jetée le chemin continue
Comme à perte de vue...
Délicieuse injure
Courants, turbidité
Graines figées dans un oeuf clair,
Armistice.
Troublante ressemblance
Jaunie au fil des jours
Petit Prince
Ma caravane est campée là.
Télescope.
Tant d'endroits où l'on pourrait être
Déserts humides, villes fantômes
Foule absente, détritus
Virevoltent
Mémoire des trois âges
Sage image
Déluge.
Méristème, renaissance éternelle
Découverte végétative d'un cercueil ensablé
Un fruit cru
Tous les mots se succèdent et je ne saisis rien.
Divorce.
Le tarif de la rage.
Désordre obséquieux.
Peut on jamais pardonner l'abandon?
Homophonie atone, mimétisme.
Imiter l'absence pour tromper par ce don
Le lourd déséquilibre.
S'il n'y apas de coupable
Tout au bout de l'attente
Mieux vaut ne pas chercher
C'est lâcheté, faiblesse,
Que l'on pourrait trouver.
Fatigue qui se veut crime de lèse beauté.
Au péril de ma mort, ristourne vagabonde,
Au mépris de mon corps
J'échange ma mission contre un désir perdu.
J'ai vu tous ces enfants perclus à ciel ouvert
Odeur de cassonade, citronnelle, lavande
Réveil rhinal
L'activation limbique qui fait à elle seule
Rejaillir l'oublié plus vrai qu'un moratoire
Assainit,
Purifie d'excrément, liquide de scission,
De coulures, de taches, l'idéal mensonger
Nauséabond.
Pourquoi ne viens-tu pas me choyer plus souvent?
J'ai vu tous ces vieillards s'enfoncer dans la terre
Esprit libre de cri et blême de colère
J'ai entendu la plainte, j'ai failli malgré moi,
Restitué, somnambule, la foi d'un attentat
Gyrophares hypnotiques, foule attroupée, malsaine
J'ai endurci mon coeur, pollué mon regard
Par instinct de survie, j'ai cherché le courage
Frôlant l'hypocrisie.
Voici l'heure où prend fin l'enfance protégée
Loin de ceux que j'adule, exilés
J'entend douce et suave la mélodie du val
Berçant le coeur léger quand l'âme a mal
Mélancolie divine, utopie atrophiée
Restaurez moi encore, esclave libérée
Mais qui pense à l'enfant qui reluit dans la glace?
Laissez-lui par pitié encore un peu d'espace
Lorsque plus rien ne brûle, soleil éteint
Pain de misère, sacrifice consenti
Le printemps revient vif. Est-il vrai qu'on oublie?
Communion paisible entre tous où mène le destin.
Légionnaire
Toi qui as adhéré
A un système clos
Générant crimes et suicides
Toi qui te vantes
D'avoir peut-être été
Le complice d'un meurtre
Comment espères-tu
Que je puisse sans broncher
Entendre tes prouesses.
Et tu parles avec nostalgie
De tes dégradantes ardeurs
Et tu te glorifies d'avoir survécu
Quand mouraient un par un
Tes compagnons d'infortune.
Alors marche ou crève, tant pis,
Je ne t'écoute plus.
Assise en point de mire
Où je n'attends personne,
Les yeux rivés au sol, déviants.
Un mendiant vient
Et j'en suis presque soulagée.
La solitude est un stress.
Si je regardais là, plus haut,
Peut-être apercevais-je
Quelqu'un à la fenêtre,
M'observant?
Bain d'une foule absente, illusion.
J'attends encore un peu,
Je fais semblant d'écrire.
Passants oisifs, roucoulements, parade.
De cet ennui mouvant
A l'autre angoisse lente,
Je sens la lassitude.
Encore quelques instants
Et je repars, déçue,
Vers la réalité.
L'hystérie est dans l'air
Cisaillantes tension
Fanfreluches amères
Aimante répulsion
Regarde cette femme
Aux postures traquées
Observe bien cet homme
Il est désabusé
Qu'ont-ils à s'échanger
Pantomimes visqueuses
Pieuvres tentaculaires
Ventouses mal léchées
Ils partageaient des rêves
Qu'ils n'ont pu oublier
Que fait la liberté
Sur le bout de leur lèvres?
Ils séquestrent à présent
Le fruit de leur passé
L'empêchent de bouger
Et le tuent lentement.
Inspiration. Echange d'un instant.
Envie de regarder. Réserve.
L'ondulation des rails
Sur lesquels nous filons en avant
Portés par quel moteur?
Tractés par quel espoir?
De tunnels en ponts suspendus,
Tensions constantes.
Guidés, canalisés,
Pesant le risque,
Réprimant tout écart.
Chassé le naturel, étouffé.
Mais si le train s'arrête,
Regarde en arrière le chemin parcouru:
On n'y voit plus.
Alors, vois autour, là, tout près, à l'arrêt:
C'est tout simplement beau...
Petit feu follet
Sauvageonne endiablée
Qui te donne la vie
Et graine d'énergie
T'anime, feuille d'automne?
Reflets bleus et jaunes assortis
Dans ta chevelure brune
Etourdissants rayons lune.
Dans la nuit, comme un cri.
Tu me ferais presque peur
Avec ton air fou
Mais l'humour peut tout.
Bel oiseau migrateur
Arrête toi chez moi
Repose sous mon toit
Tu partiras en heure
Rejoindre tes semblables
Les étangs et les sables
Enchante de ta voix
Chaleureuse ces lieux
Qui sont quand tu n'es là
Tristes et silencieux
Quand tu t'envoleras
Inexorablement
Là haut tu oublieras
Cet abri dans le vent.
Langue bleue de l'aguame belliqueux
Les ronflements réguliers contrastent
Avec le tournoiement violent
Des ailes dans le vent du Nord.
Tendresse lémurienne que nous avons perdue
Aux confins de notre humanité déchue.
Lagune artificielle.
Tatouage indélébile, rotation anarchique.
L'odeur de la cigarette froide
Trouble celle de la bête.
Il lèche avec délectation
L'urine d'un congénère.
Nous le méprisons pour ne pas l'envier.
Nuit figée
Fractales dans le tonnerre
Sacrifice de couleurs vaporeuses
Comètes bicolores
Retombées volatiles
de fumées de lumière
Inondant l'horizon
Comme à perte de vie.
Scintillations fougueuses
Sublimes chatoiements
Bouquet d'étoiles en mouvement
Dynamique du ciel
Soumis à la lumière
Du feu artificiel.
Et l'on souhaiterait soudain
Que cette féerie
Dure éternellement
Imprégnant la rétine de reflets de diamants
Au sein de ce vacarme,
Imperturbablement,
L'enfant dort, poings fermés.
Brisure du destin
Vengeance houleuse.
Dégoulinant cocon éclaté
Eclabousse moi encore
Car j'ai besoin d'être punie.
Soupape qui palpite.
J'adopte la posture
Du grand chat au soleil
Défense. Perversité morbide.
La folie est si proche
Palindromes rieurs
Dans ma tête livide.
J'oublierais volontiers
Près de la vigne vierge
Mais le panorama
Du scénario des vies
Contraint à repenser
L'action récurrente, insensée.
Tout livrer pour ne plus recevoir.
Chante, ô merle noir
Dans le petit matin
Récite dans ton coin
A l'approche du soir
Tes vastes arabesques.
Et ponctue nos journées de tristesse.
Un jour l'esprit mutine
Et l'éclair resplendit
Il casse la routine
Et déchire l'ennui.
Mais passée la tourmente
Cette obscure tiédeur revient, désespérante.
Règles, ponctualité
Rythmes, mensualités
Où est le vague à l'âme?
La torpeur destructrice
Recule sous le charme
De la passion, intensément créatrice.
Un jour on prend le temps
D'écouter cet oiseau
On vire en cet instant
De bord et de fuseau.
Le temps est suspendu
Et soudain, on découvre : le rythme s'est rompu.
Comme une délivrance...
Vestiges fustigés.
Qui aimions nous?
Attachée à l'arche inaccessible
D'un pont brisé
Flottant par delà le courant
Du Tibre endiablé
Comme de vouloir laisser son empreinte
Ou se faire regretter
Se contenter d'un rien.
Figues inaccessibles aux parfums de festin
Plantes dégoulinant des balcons arrondis
Fleurs sauvages, papilionacées
Rues de chats égarés.
Habilement drapée
Dans cet onctueux passé
J'ai fait le voeu de vivre
Pour ne pas me noyer.
A la recherche d'une identité
Violence réprimée au prix de la bonté
Cri de clarté, braise bleuté
Toi qui m'as comprise et aimée
Toi qui aurais pu vivre cet été
Respire à travers moi ces senteurs de gaieté
Vibre à travers ma voix et tremble de mes lèvres
Par mes yeux, par mon corps, vois ce qu'offre la vie
Ce que tu m'as laissé de sens et de beauté
Emplis mon coeur de liberté.
Pèlerinage éclairé aux lanternes voilées
Je veux te rechercher dans tous mes souvenirs
Et pour te faire revivre et pour mieux t'oublier
Gagne mon émotion, coule à travers mes larmes
Emprunt de notre amour, suis mon parcours hanté.
Apôtre de la mort, idole du passé
Envole toi plus haut que ces voûtes célestes
Qui reçoivent parfois l'hommage du soleil
Trouble ma vanité de m'être persuadée
Dans mon aveuglement pouvoir t'accompagner.
Car séparée des nimbes où tu t'es échappé
J'appartiens à ce monde dont tu m'as violée.
Prélassement loufoque,
Temps suspendu.
Comme au devant du vide.
Rester sans rien attendre
Déployée dans une divine mélodie
Tarie d'infortune.
Relaxation extrême au délice extatique,
Oubli pulpeux.
Orgueil malheureux, gonflé d'être admiré
Voluptueuse chair à l'envie de toucher
Massage abrasif.
Eternité.
Gouttes furtives le long de lignes courbes.
Masculinité sauvage, Désirade absurde
Dont on ne peut se détourner, pourtant.
On se laisse emporter au gré d'une coulade
Avalanche, fantasme séduisant.
On se perd à chercher, comme un parchemin ivre
Dans l'odeur de la douce Marie-Jeanne échangée
Un salut, un seul signe.
Rien ne vient au couchant
C'est l'heure de partir.
Charismatique ardeur
Donne moi de t'aimer
Pour qu'en une pâleur enivrante
Je puisse enfin m'absoudre.
Ravit moi l'âme.
Au détour d'un passé trop présent
Le soleil s'est figé.
Arène aux joutes endiablées.
Donne moi de te prendre
Donne moi d'apaiser
Pour mieux vibrer encore
Pour que l'on sache plaindre
Pour que l'on puisse enfin
Un cadeau de survie.
Ouvrez les grille, lâchez les
Ces fauves enfermés
Qui face a ses remords
Qui de haine animée
Soudain s'autoriser
Minutes immobiles
Ribambelle d'amour
Que fuse ma gaité
Et toise les vautours
Incidence éclatée
Il faudrait libérer
Tous ces noeuds écorchés
Que je bouge
Que je crie
Et qu'enfin je m'accorde
Toutes les permissions.
Apothéose
Trouble oublié
Instants.
Tu lui ressembles un peu.
Oh, que le temps s'arrête
Car de voir le soleil avancer, reculer
J'en suis comme écoeurée
Et j'en ai la nausée.
Peur au ventre.
Désir tenace, réjouis toi:
Car voici venir l'aura du destin
Hors la loi.
Bains d'amers
Baisers d'air
Marée souffle de mort
Galets d'ailes.
Plus tu me couves, me couvres
M'admires
Et plus les monts surgissent
Face aux chemins tortueux
Du naufrage
Et si je cède encore
Et si je suis victime
De l'éternelle erreur
Je souris faiblement et accepte en silence
Comme Fatalité
Complice.
Aux traces dans le sable
Qui seront effacées
Succèdent marques fraîches
Qui gisaient égarées
Pour les saisons brûlées,
Pour les chaînes brisées,
Adieu mirage
Adieu chantage
Et sereine harmonie.
Rêve.......................................2
Voyage...................................3
Lèvres....................................3
Légèretés..............................4
Triste sourire.........................5
Visions.................................5
Transferts.................................6
Lointain divan.......................6
Coup de fil............................7
Psychothérapie.....................8
Noyades....................................9
Luttes...................................9
Rancoeur..............................9
Vestale de ta vie...................10
Bâle en Decembre.................10
Saisons seules.......................11
Adieu...................................11
Sonnets mélancoliques.............12
Sommeil.................................12
Léthargie................................12
Le serpent égaré.....................13
Adieu névrose........................13
L'étrangère..............................14
Reconstructions.........................15
Amiens...................................15
Regain....................................15
Mosaïque...............................16
Renaissance............................17
Rencontre...............................17
Ehud.......................................18
Renouveau.............................19
Entre deux mondes..................20
Injures....................................20
Amertume..............................20
Lucidité..................................21
Régression.............................21
Légionnaire............................22
Fléau moderne........................22
Vie active..................................23
Un vieux couple.....................23
Vitesse...................................23
Fillette follette........................24
L'envol....................................24
Zoo.........................................24
Feu d'artifice...........................25
Chronicité..............................25
Rythmicité..............................26
Escapade...................................27
Ruines....................................27
Comme un pèlerinage............27
Vertige de Liberté..................28